Aller au contenu

Mélisande de Bonis

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Mélisande
op. 109
Image illustrative de l’article Mélisande de Bonis
Mary Garden, créatrice du rôle de Mélisande dans l'opéra de Claude Debussy, Pelléas et Méĺisande, d'après la pièce de Maurice Maeterlinck.

Genre musique pour piano
Musique Mel Bonis
Dates de composition 1922

Mélisande, op. 109, est une œuvre de la compositrice Mel Bonis, datant de 1922.

Composition[modifier | modifier le code]

Mel Bonis compose Mélisande pour piano en 1922. L'œuvre, dédiée « À Paul Locard » existe sous deux formats manuscrits dont un porte la mention « édité chez Leduc ». Elle est publiée aux éditions Leduc en 1925, puis est rééditée chez Eschig en 1971, chez Lemoine en 1995 et sous le titre Femmes de légende, chez Furore en 2004[1].

Analyse[modifier | modifier le code]

Mélisande est une des neufs pièces de la compositrice qui donne la part belle aux destins extraordinaires[2] avec Le Songe de Cléopâtre, Ophélie, Viviane, Phœbe, Salomé, Omphale, Écho et Desdemona[2]. L'œuvre demande des exigences techniques assez poussées, et elle évoque, par son titre et son esthétique, une œuvre proche du symbolisme[3].

Mélisande est une œuvre tardive dont la compositrice se montrait particulièrement fière. Elle présente une écriture fluide tout en exploitant des moyens différents de ceux de Phœbe. Mel Bonis a notamment noté, dans son catalogue manuscrit « mon préféré » à côté du titre de la pièce. La texture de la pièce peut s'analyser comme une mélodie accompagnée, mais elle diffère de la cantilène de Desdemona. Ici, la ligne supérieure est constamment fragmentée en courts fragments, très expressifs, mais aux idées peu caractérisées sur le plan motivique, obéissant souvent à un cheminement capricieux. Ce parcours sinueux résulte soit de changements de tessiture, soit de multiples variations de tempo. On trouve une allusion à l'œuvre « Reflets dans l'eau », des Images de Claude Debussy, qui est dans la même tonalité de ré bémol majeur. Dans les deux pièces, une figure arpégée amenée au gré d'un soudain changement de texture s'élance vers l'aigu, sans support du registre grave, passant d'une main à l'autre et décrivant un large arc de cercle avant de revenir à son point de départ. Cet arc de cercle est fondé sur un accord basé sur la gamme par ton de do, cependant incomplète.

Selon François de Médicis, si la compositrice a cherché à dessiner le portrait de Mélisande, elle a bien saisi le caractère délicat et évanescent de la jeune femme, son humeur changeante et imprévisible. Cette imprévisibilité touche également les symboles et attributs dont Maurice Maeterlinck entoure la jeune femme, comme son abondante chevelure, l'eau ou les colombes. La courbe mélodique de la citation de Debussy suggère que Mélisande lance sa bague trois fois dans les airs, puis le grand trait plongeant ensuite dans le grave évoque la chute de l'anneau. Après une pause, la musique reprend dans un esprit différent de ce qui précède, avec un nouveau matériau situé dans un registre plus grave. Ces mesures pourraient donner à entendre la réponse de Pelléas lorsque Mélisande lui demande « Qu'allons-nous dire à Golaud s'il demande où il est ? »[4].

Le passage solennel des dernières mesures rappelle la fin du premier mouvement du Quatuor avec piano no 2. Les deux œuvres ont été composées à la même époque, elles sont en tout cas publiées à deux années d'écart[5].

Réception[modifier | modifier le code]

L'œuvre est jouée pour la première fois le 26 février 1927, lors d'un concert organisé par la compositrice elle-même. Le concert a lieu à la salle de musique du Conservatoire de Paris. C'est Mel Bonis qui est l'autrice de l'essentiel du programme[6]. On entend, notamment son Quatuor avec piano no 2, sa Suite pour violon et piano, Salomé, Mélisande, sa Sévillana et son Rigaudon. Cependant, aucun Rigaudon n'a été conservé parmi les œuvres de la compositrice et on peut supposer qu'il s'agit d'une erreur de transcription du programme, puisqu'il y avait aussi le Rigaudon de Maurice Ravel[7]. On trouve aussi des œuvres de Georges Migot, Henri Duparc, Gabriel Fauré et Alexandre Glazounov[8],[9]. L'œuvre a vraisemblablement été jouée par M. Moreau-Leroy[10].

La Fantaisie a été jouée, sous sa forme pour septuor, au château de Morsbroich, à Leverkusen, en 1998, en coopération avec la Société franco-allemande[11].

Discographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jardin 2020, p. 64.
  2. a et b Jardin 2020, p. 29.
  3. Jardin 2020, p. 307.
  4. Jardin 2020, p. 329.
  5. Jardin 2020, p. 332.
  6. Jardin 2020, p. 171.
  7. Jardin 2020, p. 172.
  8. « La Semaine à Paris : Paris-guide... : tout ce qui se voit, tout ce qui s'entend à Paris », sur Gallica, (consulté le )
  9. « La Semaine à Paris : Paris-guide... : tout ce qui se voit, tout ce qui s'entend à Paris », sur Gallica, (consulté le )
  10. Jardin 2020, p. 174.
  11. Jardin 2020, p. 46.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]